Masque Kpan Baoulé, Côte d’Ivoire
750€
Beau et rare masque anthropomorphe en bois polychrome. Visage ovale finement scarifié, le long nez fin se prolongeant dans les arcades sourcilières, surmonté d’une haute coiffe natté trilobé sur laquelle reposent deux éléments zoomorphes représentant des volatiles. Les yeux en demi-cercles n’étant pas percés, le danseur regarde à travers l’orifice figurant la bouche. Une collerette décorée en zigzag orne le bas du visage et au menton une petite barbe décorée de stries parallèles. Le masque repose sur une large collerette de portage percée de trous de fixation de parure et de mors de prise buccal. Belle taille au revers du masque. Traces de portage à l’arrière. Belle patine d’usage avec des restes de couleur rouge.
Traditionnellement recouverts de couleur rouge, ces masques apparaissaient au cours de la danse goli. Le village au complet participe à cette festivité, également organisée pour les funérailles. À l’occasion, on exhibe des masques lourds et volumineux. Réalisées spécialement pour la fête, ces parures sont auparavant conservées à l’abri des regards, dans le sanctuaire de brousse. Ils sont huit – quatre paires de masques symbolisant le couple homme-femme – à se succéder deux par deux sur la piste, chacun porté par un danseur. Fortement codifiée, la cérémonie gagne en puissance au cours de la journée. Après les masques kple kple en forme de disque, viennent les goli glen zoomorphes, puis les khan pre coiffés de petites cornes. Lorsque décline le jour, deux danseurs entrent en piste pour le clou du spectacle : ils portent les fameux masques kpan, dont la polychromie expressive permet de distinguer la femme de l’homme. Vêtus de filets et de raphia, agitant des chasse-mouches, ils exécutent alors une danse lente et majestueuse, comme le rapporte Susan Vogel dans son ouvrage consacré à L’Art baoulé. Au-delà de la joie de se divertir, la danse goli symbolise chez les Baoulé leur conception du monde, la hiérarchie inhérente à la société et à la nature. « Le goli, assure Susan Vogel, présente le monde baoulé dans toute sa complexité, enseigne les grandes divisions – homme et femme, brousse et village, le puissant et le subalterne »…
Si l’on connaît un grand nombre de sculptures baoulé, surtout des statuettes, les masques Kpan, quant à eux sont extrêmement rares et leur corpus très restreint.
Pour conclure ce masque Kpan illustre l’esthétique Baoulé au naturalisme magnifié dans les visages « idéalisés et pensifs, offrant le front haut de l’intelligence éveillée et les grands yeux baissés de la présence respectueuse au monde » ( S.Vogel, « L’art Baoulé.Du visible et de l’invisible, 1997, p.141).
Provenance
Ex collection particulière du sud de la France.
- Dimensions: H 26 cm
- Epoque: Première moitié du XXème siècle
- Ethnie: Baoulé
- Matériaux: Bois, peinture, pigments
- Pays: Côte d'Ivoire






































