Statue Nkisi Nkonde, Kongo-Vili, République Démocratique du Congo
Vendu
Les dimensions de ce Nkisi Nkonde indiquent son appartenance à la communauté. Sa pose debout, les mains sur les hanches, les yeux levés vers le ciel, témoigne selon Farris Thompson (in Le geste kongo, 2002, p. 68) « d’un processus de jugement ou de guérison. La sculpture met les mains sur les hanches pour symboliser son empressement à intervenir au niveau de la société, à devenir agressive s’il le faut pour trouver la bonne solution. Le regard tourné vers le haut invoque le pouvoir de l’autre monde, demande son intercession ». Ainsi se résume l’ambivalence du nkisi nkonde : à la fois bienfaisant pour la société Kongo sur laquelle il veille, et dangereux pour ceux qui menacent son équilibre.
La force du visage met en valeur la finesse des traits, traduisant l’idéal de beauté Kongo : bouche charnue très finement modelée, nez légèrement aquilin, sourcils hachurés, oreilles au pavillon détaillé. Les yeux grands ouverts sertis de verre sont censés augmenter la clairvoyance. Traces de polychromie sur les dessins sculptés en relief de la coiffe.
Cette sculpture à été réalisé dans le respect de proportions qui réduit la longueur des jambes légèrement fléchies, effet qui était autrefois accentué par la présence d’une jupe en raphia clouée à une cordelette tressée, dont on aperçoit les restes, autour de la taille. Il est fermement campé sur ses pieds chacun rehaussé par un socle monoxyle. Traces d’érosion et manque à l’oreille gauche.
L’efficacité rituelle de ce nkisi nkonde tient à la présence de la charge ventrale fermée d’un coquillage, d’une lame de métal fichée dans le thorax et une dans le dos, une multitude de clous en fer plantés dans le thorax. A la puissance visuelle et symbolique de ces éléments se rajoute une belle patine sacrificielle qui recouvre le corps et le visage à exception des jambes qui étaient autrefois dissimulées par une jupe en raphia. Le traitement spécifique des pieds finement détaillés et reposant chacun sur un socle distinct évoque les célèbres statues Vili collectées par R. Visser à l’orée du XXe siècle sur la côte du Loango et dans la région du Chiloango (cf. Lehuard, Art Bakongo. Les centres de style, 1989, vol. 1, p. 300-301).
Provenance
Ex collection particulière, Lyon
Collection Eve Begalli, Grenoble, acquise en 2016
- Dimensions: H 80cm
- Epoque: Début du XXème siècle
- Ethnie: Kongo Vili
- Matériaux: bois, lames et clous de fer, coquillage, verre, fibres
- Pays: R. D. du Congo